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Evolution à double tranchant

Evolution à double tranchant

Professionnels de la naturopathie : les grands débats actuels

Les professionnels de la naturopathie sont, depuis peu, soumis à plus de contrôle de l’Etat et des autorités compétentes. Ceci pour répondre au mieux à plusieurs problèmes :

  •    tout d’abord, les risques d’arnaque et de dérives sectaires,          
  •  les autodidactes – héritiers ou non des traditions de médecine populaires de type « rebouteux, guérisseur, faiseur de Secret, … etc.)
  •   les risques sanitaires dûs au manque d’hygiène dans les pratiques (acupuncture) et préparations (élixirs, … etc.)
  •  ensuite, les évolutions du métier en rapport avec les découvertes scientifiques (études ciblées et recherche sur l’efficacité des traitements et thérapies naturelles dans les soins)
  •  les exigences inhérentes à la « médecine intégrative », qui promet une meilleure collaboration entre les médecins et les professionnels de la naturopathie et des thérapies naturelles (yoga, Qi-Gong, acupuncture, …)
  •  enfin, les besoins du grand public d’accéder à un remboursement des frais « de santé » (cours de gym, séjours en balnéo/thalasso, …)
  •  et puis, évidemment, les adaptations des « politiques sanitaires nationales » aux grands défis de la population moderne (obésité, sédentarité, malbouffe, pollution, …)

 

Du point de vue des professionnels de la naturopathie

Le principe de l’harmonisation des formations de base, et de la surveillance du respect des normes sanitaires, tout autant que la possibilité d’accéder au remboursement des prestations par les assurances maladie, sont perçues comme une bonne nouvelle.

En revanche, toutes ces avancées doivent être placées en perspective avec certaines décisions nationales ou supranationales (UE) sur les méthodes et moyens de soins (homéopathie (parfois), plantes médicinales, compléments alimentaires, …). En effet, de ce côté-là, le lobby des « pharma » rejoint le plus souvent le discours des médecins sur le manque de preuve d’efficacité des principes actifs naturels. Rien ne bouge. Aucun changement.

Les craintes des naturopathes seraient de se voir privés à terme de leur droit de pratiquer leur profession, au profit des médecins – qualifiés dans le traitement des maladies, dont ils savent pourtant qu’ils passent peu de temps à promouvoir les approches préventives, qui constituent les 99% de l’activité d’un naturopathe.

 

Du point de vue des médecins et soignants

L’ouverture à un champ plus vaste d’options de prise en charge à conseiller à leurs patients commence à convaincre. On constate néanmoins des pôles d’investissement comme le traitement du cancer (jeûne, yoga, …), la lutte contre le stress et les symptômes dépressifs, ou l’accompagnement dans la durée des maladies rhumatismales (yoga, acupuncture, cryothérapie, …). Les pédiatres sont par ailleurs de grands adeptes de l’homéopathie – tellement décriée de nos jours, ce qui freine le projet de création d’une « médecine intégrative ».

Les craintes de la branche médicale restent qu’à terme, on ne fasse plus la différence entre les deux métiers, et que le naturopathe ne devienne un « médecin » utilisant exclusivement des produits et remèdes naturels, donc l’émergence d’une médecine « à deux vitesses ». Car, qui dit médecine « à deux vitesses » pense également aux freins à l’accès aux soins médicaux et aux meilleurs traitements (souvent très chers) en cas de maladie grave.

 

Conclusion

Dans les deux cas, les craintes semblent fondées… le remboursement partiel des « thérapies et médecines complémentaires » n’est donc pas une fin en soi. Ce n’est qu’un début. Et l’hostilité réciproque qu’on constate parfois, ne pourra se résoudre que par le dialogue, et la collaboration, dans le respect des définitions de chaque métier, sans attendre une évolution du métier de naturopathe, qui ne saurait qu’alimenter des conflits déjà latents.

 

Par Mel Carroz